Ma foi, s’il y a bien quelque chose qui me rend nerveuse, c’est la sortie d’un nouveau livre.
Ouiiii, bien sûr (avec un accent circonflexe…), on pourrait croire qu’on s’habitue. Et d’ailleurs, c’est ce que je me dis avant chaque sortie. Malgré tout, mon cinquième livre est sur le point de voir le jour, et je ne suis toujours pas aguerrie aux rouages, pourtant relativement bien huilés, de mes parutions littéraires.
C’est à chaque fois le même refrain. Écriture. Relecture. Confier à mes chers bêtas lecteurs mon manuscrit afin qu’ils portent un premier jugement de valeur, et corrigent les inévitables écueils dans lesquels un auteur tombe forcément. Relecture. Galère de mise en ligne de la bête (oh, un autre accent circonflexe…). Et promotion ! 
Aaaaah, dire aux gens que notre livre est merveilleux. Qu’il est si merveilleux qu’ils devraient se précipiter pour l’acheter (et non le pirater, mais c’est un autre sujet).
Une fois que le livre a été livré aux créatures féroces et voraces que sont nos lecteurs chéris, il y a effectivement un moment d’attente, d’angoisse existentielle. Eh oui ! Que croyez-vous ? Que l’on écrit pour soi ? Que l’on se moque de savoir si nos écrits plaisent ? Cela pourrait faire l’objet d’un autre débat avec certains de mes amis et collègues auteurs (écriveurs, écrivains, tout ça… il fallait suivre les épisodes précédents pour comprendre). Donc nous voilà dans l’expectative. Nous ne savons pas sur quel pied danser. Pendant que les lecteurs font leur travail de lecture, nous, auteurs, faisons notre travail de… eh bien de tout ! Tout le reste du moins, puisqu’une partie de l’ouvrage est déjà réalisé. C’est ainsi que nous essayons de promouvoir nos livres.

Plusieurs méthodes parmi les professionnels du livre auto-édité. (Je ne parle pas ici des maisons d’édition, parce que je préfère discourir de ce que je connais le mieux !)
Il y a l’auteur qui, parce qu’il n’ose pas ou parce qu’il ne souhaite pas s’imposer, ne promeut pas. Du tout. Pas de pub, pas de partage de chronique, pas d’extrait de livre. Celui-ci a l’avantage d’être libéré du poids de la publicité. Souvent, c’est parce que ce genre d’auteur pense que les lecteurs font ça très bien.
Eh oui, les plus assidus d’entre eux mettent en ligne des extraits de nos livres sur BookNode par exemple, partagent leurs derniers achats Amazon sur Facebook, ou encore annoncent leur prochaine lecture sur Twitter. PAR-FAIT ! Rien à faire… si les gens parlent. Car que faire quand les lecteurs gardent leurs lectures pour eux ? S’ils sont trop occupés par les tracas de leur vie quotidienne ? S’ils ont autre chose à faire que de parler de nous ? Voilà, c’est la cata !

Je suis de cette race d’auteurs indépendants qui aiment bien tout faire par eux-mêmes. 
Je ne veux pas dépendre d’un groupe de fans les plus passionnés, même si je les adore, et qu’ils me le rendent bien. ♥ Je ne veux pas avoir l’air de ce que je ne suis pas, mais la vie m’a prouvée plusieurs fois qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Donc, je dispose de temps à autre sur le chemin des liseurs, les miettes des chroniques qui me sont adressées, les petits cailloux blancs des avis avisés, les liens que mes amis ont bien voulu partager. Je ne fais pas l’apologie du partage à outrance. Trop de partage tue le partage !
Mais rendons à César ce qui est à Jules. À qui doit-on le succès – quand succès il y a – de nos livres? Jean Béliveau, hockeyeur canadien très connu, a dit « le talent est un cadeau, mais le succès ne vient qu’avec le travail. » Alors oui, pour qu’un ouvrage littéraire fonctionne bien, économiquement parlant, il faut de la matière, un sujet et une certaine manière de combiner les deux qui plaise au lecteur. Du travail, du travail et encore un peu de travail. Mais qui fait le succès d’un livre ? Le lecteur justement. Alors qui devons-nous toucher ? Le lecteur. À qui devons-nous parler ? Le lecteur. Qui devons-nous soigner ? Le lecteur. 
Alors oui, je promotionne mes romans. Peu. Plus que certains, mais moins que ceux qui matraquent la toile de leur présence envahissante. En effet, il me semble que là-bas, tout seul, il doit se sentir bien abandonné, mon livre, loin de cette humaine qui lui a donné la vie. Alors, j’essaie de lui redonner une petite visibilité, de pousser vers lui des lecteurs en mal d’ouvrages. Et puis, pour en revenir au sujet initial, ça m’occupe ! Car en attendant, qui ne se rend pas compte du temps qui passe et des chroniques qui commencent à tomber un peu partout ? Moi.
Oui, promouvoir m’occupe l’esprit et les mains. Comme dirait mon père, « pendant que tu fais ça, tu ne fais pas de bêtises ! » (version édulcorée pour les yeux sensibles, mais vous saisissez l’idée générale)
Que fais-je ici ? Je patiente. En effet, dans le but de faire connaître mon prochain bébé à ses parents adoptifs d’un jour, j’ai réalisé une petite vidéo. J’attends qu’elle charge. Que YouTube veuille bien prendre en compte les images compilées sur une musique (légalement) téléchargée, afin de révéler au monde – soyons modestes, aux pays francophones ! – la couverture et le résumé de mon dernier livre à paraître en février.
Pendant les trois quarts d’heure où j’ai parlé avec vous par le truchement de mon clavier et de mon écran, je n’ai pas eu l’énergie de réfléchir aux conséquences de cette nouvelle sortie. Je vous remercie pour ces quelques quarante-cinq minutes de repos de l’esprit. 
Par contre, maintenant, il est plus que largement l’heure de me coucher. Ce moment salvateur est donc terminé. Je m’en vais rêver de livres volants non identifiés, de lecteurs enlevés, non… non ! De succès, de succès, de succès ! Pas de cauchemars cette nuit. Non, point de Rêves Interdits…
Bonne nuit, lecteurs chéris !
Alex xx
